2018 rime avec 18... Naturel Le Mans!
Il est tôt le matin. 5h est déjà passé et le Mans s’éveille…
Je m’éveille aussi. Réveil matinal avec un temps infernal, j’ai le cerveau aussi nuageux que le ciel ! Levé en mode Diesel, j’ai du mal à ouvrir mes 2 yeux en même temps et je galère à régler correctement une GoPro…
La pluie tombe dehors. Effectivement, aujourd'hui est une journée de roulage au Mans!
Le Mans et la pluie, c'est une longue histoire d’amour tumultueuse et houleuse, à la « Je t’aime, moi non plus » qui reste un duo de choc inséparable... Un peu comme les pompiers et le rouge.
Quand Mr. Veyssière m’a annoncé en début d’année que je serais intégré au programme Français du Scorpus Racing pour 2018, plusieurs sentiments se sont bousculés dans mon esprit.
D’abord, j’ai ressenti de la sérénité, de la joie : ma saison 2018 était sur les rails. Grâce au travail acharné d’Alain et sa bienveillance, j’allais rouler et j’avais un calendrier concret et un projet passionnant auquel j’allais pouvoir participer. C’est un grand soulagement psychologique.
Après est arrivée de l’inquiétude… De la grosse inquiétude…
De grosses gouttes de sueur ont coulé dans mon dos quand j’ai découvert que le Scorpus Racing 18 serait engagé dans le championnat d’endurance Lamera Cup.
Je dois encore aujourd’hui faire face et accepter que je vais rencontrer des virages à droite tout au long de la saison…
Chacun ses objectifs. Et pour satisfaire le NASCARien qui est en moi, la Lamera possède de nombreuses similarités avec mon championnat américain bien-aimé. A commencer par le moteur : 350cv, Ford…
Un peu d’Amérique sous le capot, n’en déplaise à notre cher Henry qui avait bien compris chez lui à Dearborn, non loin de Détroit dans le Michigan, que le sport auto était né après que la 2ème voiture soit sortie de son atelier !
Ensuite, et pour terminer, la joie et l’inquiétude passagère laissent place à de la fierté.
La fierté de rejoindre un programme formidable et d’avoir l’occasion de porter toute une année les valeurs d’un métier ô combien respectable : les pompiers.
Les faits sont présents : la voiture porte le #18, et elle sera rouge écarlate.
Non, la marque de mon ketchup préféré n’a malheureusement pas décidé de s’associer avec l’équipe. Mais tous les coéquipiers qui vont découvrir la voiture ce matin au circuit Bugatti du Mans avec moi ont ce point commun de combattre le feu en semaine, avant d’enfiler leurs combinaisons ignifugées le week-end.
types de voitures, de tous les profils de circuits.
La voiture est différente, les pistes sont différentes, mais le but reste le même.
Après avoir travaillé sur les pistes ovals et le close racing sur des Heats d’une 20aine de minutes l’an dernier, je vais pouvoir travailler sur des qualités d’endurance, essentielles aux Etats-Unis, où la durée des courses se rapproche de celle d’un relais d’un pilote lors d’une course d’endurance.
Concentration optimale longue durée et résistance sont les maitres mots des pubs Duracell, et maintenant aussi de mon année.
Je vais pouvoir apprendre cette année un pilotage nouveau, dans une optique qui s’inscrit parfaitement dans le projet Américain en NASCAR tout en partageant avec mes coéquipiers pompiers, des valeurs fièrement portées sur la piste et au quotidien.
Solidarité, respect des autres, don de soi… Ce sont les plus évidentes.
Le travail acharné, l’implication mais surtout, le respect de soi-même, de son identité, de son matériel avec une rigueur militaire, peut-être plus subtils, mais tout aussi importantes à mes yeux.
J’ai hâte de pouvoir commencer à travailler sur la piste… Mon excitation et mon envie ont été spolié par le Dieu Mécanique et la journée du Mans se sera résumé à un tour avant qu’un capteur électrique décide de griller non pas le feu rouge, mais de griller tout court… Au feu les pompiers!
Comme souligné pertinemment par Ghislain, mon seul tour de piste me propulsait au rang du plus expérimenté du jour… Mon tour aura été court, mais riche en premières impressions. Une position de pilotage très basse, presque allongée, surprenante et qui fait oublier le gabarit de la voiture. Plus large qu’il n’y parait une fois dedans, et surtout plus lourde… Il ne va pas falloir lésiner sur le freinage pied gauche et ne pas hésiter à être incisif sur les attaques de freinage.
Une direction lourde, amplifié par la position très proche du volant, mais un confort apporté par les vitesses séquentiel… Surprenant également. Pas de talon-pointe au programme ni mouvements de bras pour passer les vitesses, toute l’attention peut-être focalisée sur le regard, point que je souhaite aborder un jour dans les techniques de pilotage sur le blog NASC’ART. Le regard est souvent sous-estimé… Il demande une confiance aveugle en la voiture et ses gestes, il donne la bonne direction… De mon point de vue !!!!
Un problème pour reprogrammer un capteur neuf aura bouleversé le programme et la voiture n’aura pas pu redémarrer de la journée… Cela fait le charme du sport automobile… On a beau se concentrer un maximum pour faire du mieux que l’on peut, il y aura toujours une part de hasard, de chance ou de karma… Il reviendra, et c’est donc dans 15 jours, le 30 Mars, qu’on se donne rendez-vous à Magny-Cours, pour la 1ère course de la saison… 2h30 d’essais libres pour que nos 6 pilotes prennent la mesure de la voiture avant de se lancer dans le grand bain avec 15h de course…
Marc, Tony, Anthony, Bijou, Ghislain, Mathieu partageront le cockpit avec moi cette année pour 7 courses qui dureront entre 8h et 24h, en France, au Portugal et au pays des frites, de la bière et du chocolat.
Stéphane, Robin, Nico et Nicolas nous entourerons logistiquement et mécaniquement au moindre écrou desserré… Sous la direction d’Alain.
Le dépaysement au moment de monter pour la première fois dans la voiture est total. Habitué à la vétusté des voitures américaines, je me retrouve avec un écran digital pleins de couleurs vives et de chiffres de tous les côtés, une caméra arrière grand luxe au cas où le besoin de faire un créneau se ferait ressentir… Un véritable cockpit d’avion avec des boutons partout, et comble du pilotage, pas de levier de vitesse, mais des palettes au volant en mode séquentiel… Ca a du mal à rentrer dans ma tête comme a pu le constater le propriétaire de la voiture qui est monté à côté de moi et a souri quand j’ai tâtonné dans le vide pour passer le 3ème… Si si, je l’ai vu rire sous son casque !
Le challenge est à la fois intéressant et stimulant.Etre un pilote complet passe aussi par la maîtrise de différents
Mercredi 14 Mars 2018